Vote de mi-mandat sur une question où Gil Bernardi espère un plébiscite, c'est possible. Choix du sujet de préférence à une autre question tout aussi fondamentale mais sur laquelle il risquait d'être mis en minorité, entre l'intercommunalité à l'Est ou à l'Ouest, c'est probable. Il n'en demeure pas moins vrai que l'extension du Parc National de Port-Cros est une question majeure pour la commune et ne peut être prise à la légère. Pas de combat d'arrière-garde. La question est posée, le référendum aura lieu, l'heure n'est plus de savoir si c'est bien ou non, mais de parler du fond. En tant qu’ancien leader de l’opposition municipale, je me suis, par le passé, suffisamment opposé à Gil Bernardi, pour pouvoir affirmer sans être taxé de complaisance, que, sur le sujet du référendum, je défends sa position du NON à 200%. Aujourd’hui ce n’est pas l’ancien élu qui écrit, mais le descendant de familles lavandouraines viscéralement attachées à leur patrimoine, que l’on a peu entendu jusqu’ici.
Mes arrières grands-parents faisaient du charbon de bois sur Port- Cros à la fin des années 1800. Mon arrière-grand-mère y est tombée enceinte de mon grand-père en 1904. L’amour, le respect des iles s’est transmis de génération en génération jusqu’à mes enfants, qui écoutent leur grand-père, l’écrivain Claude GRITTI, leur narrer l’histoire de leur terre, leur histoire. Des familles comme la mienne, le Lavandou et les communes environnantes en comptent beaucoup. Il nous est aujourd’hui particulièrement insupportable que des nouveaux amis de ces iles, de nos iles, aussi éminents soient-ils, qui parfois ne les connaissaient pas il y a quelques années, qui pour certains s’y sont acheté à prix d’or un petit coin de paradis que d’autres avaient préservé, s’arrogent le droit de nous faire la leçon et se posent en chantre du développement durable. Les gardiens du temple, ont toujours été les familles locales que ce soit sur terre ou sur mer. C’est grâce à elles que l’on qualifie aujourd’hui nos iles de joyaux. Aucune de ces familles, aucun de ces gardiens ne se retrouve aujourd’hui dans un Conseil d’Administration du Parc qui leur préfère une vedette de télé jamais présente, ou des citadins en mal d’exotisme, protecteurs d'intérêts particuliers. Tous les lavandourains sont de fervents défenseurs du Parc National de Port-Cros, …à Port-Cros ! Nous disons simplement que le Lavandou et les autres communes littorales, n’ont pas vocation à intégrer cette ère sanctuarisée. Il n’est pas acceptable de laisser le Parc pénétrer nos foyers. Voilà pour la forme.
Concernant le fond, l’histoire a été sûrement volontairement menée à l’envers. Si on vous disait, "signe en bas de la page blanche, on la remplira après", signeriez-vous ? Vous diriez à n’en pas douter, commence par remplir la page, après on verra si je signe. C’est exactement cela qui se passe pour le Parc. On nous dit, adhérez, et si la charte que l’on va élaborer en commun ne vous convient pas, vous sortirez. Or le hic, c’est que l’entrée de façon pérenne et définitive est inscrite dans la loi, la sortie du périmètre n’est prévue nulle part. Pour être plus précis, la loi nous permet de ne pas adhérer à la charte, mais nous interdit de sortir du périmètre qui sera régit... par la charte. C'est pour cela que contrairement à ce que certains disent, le référendum proposé a du sens et est indispensable aujourd'hui, car les décrets nous incluant dans le périmètre ne sont pas encore signés. Après il sera trop tard, nous ne pourrons plus sortir du périmètre et par voie de conséquence obligé d'appliquer la charte le régissant, même si nous ne sommes la refusons. Si vous êtes dans un pays dont vous n'acceptez pas les lois, vous dites je quitte le pays, mais si on vous empêche de partir, vous êtes bien obligé d'appliquer les lois de ce pays. Il faut donc arrêter de nous prendre pour des idiots en nous expliquant que nous aurons le choix. Deuxième argument développé par les pro-extension, "cela ne changera rien pour vous". Si cela ne change rien, pourquoi alors se mettre une administration de plus dans les pattes ? Enfin, on nous parle de la rédaction de la charte. Il est certain que la première, élaborée avec les élus ne comportera aucune contrainte. Le problème, ce sont les révisions toujours plus restrictives qui interviendront tous les 3 ans, auxquelles les élus et leurs populations ne seront plus associés. Tout cela, ce n’est pas moi qui le dit, mais l’expérience d’autres communes qui sont intégrées dans des parcs depuis bien longtemps.
Quant au dialogue et à la concertation, j’étais présent avec une quinzaine de maires sur l’Ile du Levant lorsque Jacques Politi, Maire d’Hyères et 3 de ses élus ont appris par hasard qu’une partie de leur territoire (l’Ile du Levant) avait intégré le Parc National sans qu’ils aient participé aux réunions ni n’en soient même officiellement informés, c'est dire le respect pour les représentants du peuple, nos représentants. Ecrire ce texte aujourd'hui, ne fait pas de moi un anti-parc, un bétonneur, un destructeur de la planète. Je reconnais le label, les bienfaits de cette institution, mais pas dans des lieux qui n'ont pas vocation pour de multiples raisons à l'intégrer. Vous trouverez en moi un défenseur farouche de son patrimoine, des ressources naturelles, mais qui vit dans un village qui doit rester en mouvement. Loi littoral, PPRI, PPRIF, espaces boisés classés, Natura 2000 en mer...sont autant de protections, parfois très contraignantes qui garantissent le respect de notre environnement. Pour le reste, cela doit rester le choix des populations et de leurs élus, c'est pour cela que je voterai NON dimanche. Pour ceux qui seraient tentés par le oui, car ils trouvent la mariée bien belle et bien docile, qu’ils se méfient des lendemains qui déchantent, il n’y aura pas de divorce possible.
Olivier GRITTI
Changement de position du maire d'Hyères. Var Matin 08-07-2011
Changement de position du maire d'Hyères. Var Matin 29-06-2011