Sa mère lui avait pourtant dit de ne pas diviser les hommes, respecter la nature, apprendre le métier de jardinier… rien n’y fit ! Il entreprit de déménager les plus faibles, détourner l’eau, déplacer la terre. L’insouciant dévorait le globe à pleine dents contemplant son œuvre, la truelle d’une main, le code pénal de l’autre, ironisant sur les sceptiques.
C’est que ses électeurs applaudissaient son audace, attendant avec gourmandise ses nouvelles volontés; et, chaque année, les opportunistes couraient spéculer dans ce décor artificiel.
L’argent facile et le succès lui firent tourner la tête et, comme la nature ne protestait pas, il creusa les rivages, détourna les courants, coupa les bois, anéantissant opposants et érigeant un clocher si haut qu’il s’imagina atteindre la Lune. Or, celle-ci resta sourde à l’intrus, tandis que le grand horloger mécontent de ce nain prétentieux lui déversa inondations, feux , maladies, discordes, nationalisme…
Trop préoccupé par l’opinion volage, il n’en compris pas les signes...
L’un d’eux, doutant de sa popularité, promit dans sa paroisse un environnement protégé et un cadre de vie exceptionnel, jardins extraordinaires, écomusée, écoquartier, source d'eau tiède, programme photovoltaïque, réfutant Parc National et intercommunalité … d’où l’on ne pouvait rien entreprendre, contraint par des règles dont il s’exonérait. Le bon berger fut élu... quatre fois par ses brebis.
Alors, la nature, martyrisée par ces faux jardiniers répandit sur la Terre le lent poison du réchauffement climatique…
L’instruit, vêtu de vert, protesta avec arrogance : "Les espèces ne sont pas menacées, elles changent " ; érigea un jardin éphémère comme pied de nez et signa en offrande la charte "zéro déchet plastique".
Moralité de cette histoire : si la nature est immuable, l’homme est définitivement… provisoire !