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Face à l’étrange débat sur l’identité nationale, vécu comme un pied de nez à une Europe qui supprime allègrement frontières, législations nationales, services publics… pour bâtir une nation fédéraliste chrétienne (voire opusienne), le plus petit dénominateur commun reste la commune, sans distinction de taille, telle la famille qui reste le premier cercle de tout humain.

Cette cause sacrée, trouve ses Temples et ses arcs de triomphe dans des institutions aussi ordinaires que mairie, école publique, bureau de poste, centre de sécurité sociale, hôpital public, monument aux morts…toutes ces choses que l’on ne pourra jamais nous reprendre, parce que pour nous les prendre, il faudrait nous les arracher.

Avec 36 600 communes, dont les 2/3 comptent moins de 1 000 habitants, le tissu français est celui des paroisses de l’Ancien Régime sur lequel fut plaquée en 1789 la devise républicaine... (Beaucoup ignore que la première fût « Liberté, Egalité, Propriété »). Paradoxe, la carte communale reste inchangée malgré la tentative de fusion de la loi Marcellin en 1972. C’est la clé du succès actuel de l’intercommunalité  avec le maintien du réseau de communes tout en réalisant les économies d’échelle et les transferts de compétences fonctionnels indispensables.

En France, le lobby des maires (regroupés dans la puissante Association des maires de France, l’AMF) est dominé par les maires ruraux qui traitent directement avec les gouvernements de gauche ou de droite sur les finances locales. Ce lobby a la haute main sur le Sénat, représentant théorique de toutes les collectivités territoriales, mais en pratique « grand conseil des communes de France »

Certes, le contrôle de gestion des chambres régionales des Comptes a mis en exergue la gestion souvent approximative des communes et de leurs appendices (établissements publics, sociétés d’économie mixte, associations). Au quotidien, le maire est confronté à la difficulté de financer les mesures qui découlent de ses compétences (ou incompétences). La commune dispose de ressources fiscales propres (en moyenne 50 % de son budget) mais sa marge de manœuvre est limitée : outre le maniement délicat des taux (à une époque où le contribuable-électeur est particulièrement vigilant à l’évolution de sa feuille d’impôts locaux), la réforme territoriale, la suppression de la taxe professionnelle ou la tendance réelle de l’Etat à prendre le contrôle des finances locales (en remplaçant des recettes fiscales par des compensations). La recherche de cofinancements (avec département, région, Etat, voire l’Union européenne) ou la pratique des déficits est devenue une nécessité pour nombre de communes en difficulté, comme au Lavandou.

La première réponse à l’absence de moyens est de rechercher la tutelle bienveillante du préfet et des services du département. Faute de disposer de services compétents, l’élu local se tournera vers ceux de la préfecture. Faute de moyens financiers et techniques, il sollicitera le soutien des notables départementaux et leur aide financière. Après il ne lui restera plus que la fiscalité démesurée, fatale à sa réélection.

Déjà, la loi de décentralisation de 1992 offrait aux communes rurales un instrument nouveau, la communauté de communes. Seul bémol, la reversion de certaines recettes à juste titre dans le pot commun, comme les flux (eau, gaz, électricité) transports, ordures ménagères, pompiers, environnement, équipements sportifs ou culturels. Et aussi, le passage à une intercommunalité est plus contraignante (facile d’adhérer,  presque impossible de se retirer car les décisions sont prises à la majorité qualifiée et non à l’unanimité).

A Toulon, c’est l’intercommunalité élargie (TPM) qui a été préférée s’alignant avant l’heure sur l'évolution européenne. Au Lavandou le maire, encarté UMP, élu professionnel qui a pour totems le gaullisme et le catholicisme néopaganiste, incarne parfaitement le conservatisme communal. Arcbouté sur l’histoire de son village de 5800 âmes, il lutte avec force contre les réformes, l’ingérence jacobine, l’expression démocratique. Il milite pour une autonomie ignorante, s’isolant de son époque, de ses voisins, imposant avec ruse ses décisions quitte à franchir allégrement les lignes de la légalité. Vieil atavisme hérité de 1913 depuis son détachement d'avec Bormes.

Il est vrai qu'en France la commune reste aujourd’hui un niveau de représentation et de gestion indispensable.

D’abord, de tous les acteurs publics, le maire est le plus connu et le mieux apprécié, échappant à la disgrâce qui frappe la classe politique. Connu de tous les citoyens, il est à la fois le représentant et le médiateur social - jusqu’au clientélisme - et sa popularité personnelle transcende les clivages partisans. Etre maire constitue le point de départ de toute carrière politique : tout parlementaire est aussi élu local.

Ensuite, par la nature de l’engagement civique, la commune constitue le niveau de base de la vie politique. Le conseil municipal constitue le prolongement naturel d’un engagement politique local. Souvent les élus locaux constituent l’ossature de base du parti mais nombre de conseillers municipaux ne sont pas adhérents d’un parti mais d’associations : parents d’élèves, associations de quartiers, représentants de groupes d’intérêt, qui n’ont d’existence qu’au niveau local même si elles appartiennent à des mouvements nationaux. Pour toutes ces formes d’engagement, la commune représente la société civile.

Puis, par les compétences communales qui accompagnent la vie quotidienne, de l’état-civil à la résidence (de la demeure que l’on construit au logement social qu’on obtient), en passant par le cadre de vie, les services de proximité, la sécurité. Ces services impliquent un lien direct avec l’usager-citoyen et ne sont pas transférables à des niveaux plus lointains, incapables de replacer les problèmes posés dans leur contexte personnel et spatial.

Ainsi, le suspect débat sur l’identité nationale, d’inspiration FN, ne serait donc qu’une remise en ligne de la nation française dans le fondement chrétien si indispensable au ciment européen. Expédiant du coup l’épineux dossier de la Turquie (64 millions de musulmans, 100.000 chrétiens) dans l’économie d’un référendum européen. A moins que ce ne soit qu'une évangélisation préélectorale pour ramener tout simplement les régions dans la voie de la catholique UMP en mars 2010

Mais rappelons aux pensifs de l’identité nationale que c’est la Marseillaise qui est montée sur Paris et non pas l’inverse. Aux armes citoyens !

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Tag(s) : #Politique
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