Une nuit d’avril 1995 l’équipe « Regain » en campagne posait une grande banderole, bien en vue, dans le virage de Saint Clair : « Halte à la promotion immobilière ! » et démit le sortant aux municipales.
En ce premier jour d’avril 2022 la concurrence des promoteurs au Lavandou rivalise de projets poétiques « Le Verger des Naïades, Eleganza, Pavillon Ravello, Le Clos de Saint-Clair, Nouvelle Ere, Ecrin vert… » usant d’arguments qui laissent pantois à la lecture : Le Lavandou est desservi par plusieurs autoroutes et routes nationales, ainsi qu’une voie ferroviaire dynamique. Cette commune est aussi accessible par voie aérienne…
Ainsi, avec 72% de résidences secondaires, l'équipe « Regain » a choisi la facilité de la bétonisation de son espace, faute d’autres recettes fiscales.
Surtout ne lisez pas l’ethnologique ouvrage de Francis Marmier sur le petit village de pêcheurs où pour vendre les clapiers on est obligé d’afficher « proche mer ». Ne cherchez pas non plus un responsable puisque tous les maires, depuis 1913, n’ont eu de cesse de vanter sable et beauté du Lavandou sans se poser de questions environnementales ou même rechercher des alternatives au tourisme déclinant.
La côte varoise rejoint dans la laideur le cordon ininterrompu de béton entre Toulon et Cogolin, au gré des modes d’urbanisme. Les Alpes maritimes et le Languedoc avaient déjà ouverts la voie.
Courses aux aides, baisse des dotations, respect des lois SRU, Littoral, tripatouillage du PLU, frénésie d'équipements publics, fuite en avant des élus et... gros poil dans la main, laissent des traces irréversibles dans le paysage urbain et un mal-vivre collectif au Lavandou et ailleurs.
A bien y observer l’enchainement des générations, les motivations évoluent avec le temps. Hier, l’acheteur voulait un patrimoine pour sa retraite et ses enfants, aujourd’hui il consomme la vie à crédit, de la TV au logement en passant par la voiture, le smartphone… et finalement se nourrit de biens de consommation sans se soucier du lendemain. Et puis, la collectivité sera toujours là pour pallier ses mauvais choix.
Jusqu’où ira le Lavandou sans projet, sans maitrise sur les flux touristiques ? Ira-t-il dans la tentation de surtaxer les 72% de résidents pris au piège, de matraquer les précaires vacanciers low-cost, emprunter encore ou bien réduire sa charge de fonctionnement dans une intercommunalité de fait ?
En 2026, il faudra au Lavandou faire des choix plus ambitieux contre sa dépendance.
Cercle d’études Reyer
Marie-Noelle Noble
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