Au Lavandou, depuis 30 ans, une archaïque bourgeoisie a pris le pouvoir communal qui lui manquait pour compléter sa panoplie héritée du XIXème siècle : celui des banquiers , des commerçants et des petits propriétaires fonciers.
Dès la scission d’avec Bormes - en 1913 - le Lavandou s’est obstiné à recopier la riche dynastie des seigneurs de Fos métissés du sang des Bormani, reniant son marqueur de "pescadous", migrants arrivés par la mer de la seule volonté du courant Ligure. Viscéralement la place Reyer a toujours été en quête de reconnaissance de la part de son administratrice d’hier et de ses jalouses voisines.
Cependant oublier la tartane à voile latine, tourner le dos au rivage nourricier, vendre son sable, ouvrir ses bras au tourisme de masse et vivre de ses rentes, c’est renier l’allégorie "d'authentique petit village de pêcheurs" racontée par Francis Marmier.
Étrangement l’histoire prolixe du Lavandou commence en 1944 avec le glorieux assaut du Cap Nègre. Alors, le village a-t-il volontairement réécrit sa légende avec moultes ouvrages charmeurs; nettoyé internet; enjolivé l'action de son titulaire, sans cursus connu d'avant son premier mandat de 1995; gommé ses prédécesseurs; conditionné les citoyens à reconstruire la mémoire collective ?
Aujourd’hui la commune a perdu son âme, sa cohésion, son décor, tourmentée d’immeubles dortoirs, de stationnements négligents, d’un international parking à bateaux, de plages arrangées, de populations allochtones, de sardinades d’importation, d'un littoral meurtri… à la sauce luna-park et feux d'artifices tropéziens.
Et que dire du capitaine de ce naufrage culturel, timonier d'un atone conseil municipal aux ordres depuis 30 ans, grand ordonnateur des saisons de pêche estivale où l’humiliation ou l'exil sont le régime réservé aux opposants ?
Ici, la logique électorale du plus fort est forcément la meilleure et l’abaissement de l’autre en est le plat du jour (au menu : fi ! du protocole, obstruction à l’information, referendum bidon, ignorance volontaire des droits légaux de l'opposition, interdiction d’accès aux bâtiments publics, coupure de micro, lynchage médiatique et noms d’oiseaux).
Place à la confiscation de la libre expression, démocratie bafouée, main basse sur les décisions, surdité des élus, manque d’intérêt pour les conditions de vie, mépris pour les opposants, spectacle de l’argent facile et des privilèges. Ce petit clan ne se contente pas de diriger les affaires et d’imposer son incompétence, mais rejette aussi la faute des dysfonctionnements sur les autres. Souvent, dans l’indécence de propos déplacés, indigne de la position qu’il monopolise en profitant avant de servir.
Lorsque l’hubris vilipende publiquement ses opposants : " vous ne servez à rien ! vous êtes empotés, incapables, ignares… des petites b…s ! " ; ces amabilités se transforment en humiliations par le rabaissement de l'autre et le retrait de la responsabilité. En creux : " laissez-moi faire ! je vais assurer à votre place ! "
Par abus de pouvoir, le dominant transforme la honte du dominé en culpabilité, en lui faisant croire qu’il est le responsable de son infortune, qu’il n’a que ce qu’il mérite et qu’il est encore heureux de s’en tirer à si bon compte. Cette posture "trumpiste" de certains "élus démocratiques", valide une gouvernance autoritaire et nauséabonde de notre organisation publique qui attire les faibles et divertit les bobos.
Le Lavandou progressivement abandonné par ses forces vives changera certainement le cap de son histoire en 2026. Lorsque la transparence, la responsabilité, l'obligation de rendre compte de ses actes, la participation et la capacité de répondre aux besoins de la population reprendront leur place… faute de courtisans d'une majorité déjà déchue dans l'opinion.
Cercle d'études Reyer
Marie-Noëlle NOBLE